dc.description.abstract | Ces dernières années, les avancées technologiques ont révélé qu’une majeure partie
de notre génome est transcrit en ARNs non codants, qui sont impliqués dans de
nombreuses pathologies. Dès lors, nous avons voulu, lors de cette thèse, mieux
comprendre le rôle des ARNs non codants dans le cancer du sein.
Dans un premier temps, nous avons étudié les micros ARNs non codants
(miRs) dans un modèle cellulaire de cancer mammaire. Nous avons identifié deux
miRs qui sont exprimés dans les lignées mammaires normales, mais pas dans les
lignées cancéreuses. La surexpression de miR-137 entraine une diminution de la
prolifération et de la migration des cellules cancéreuses. De plus, nous avons identifié
que miR-137 cible directement la protéine histone déméthylase KDM5B et diminue
son expression génique et protéique. Ensuite, nous avons cherché si d’autres histones
déméthylases de la famille KDM5 pouvaient être régulées par les miRs. Nous avons
découvert que KDM5C, qui est surexprimée dans les lignées mammaires cancéreuses,
est une cible directe de miR-138. La surexpression de miR-138 dans les lignées
tumorales diminue l’expression de KDM5C et entraine une chute de la prolifération
cellulaire. Globalement, ces résultats révèlent que les miRs peuvent réguler les
protéines épigénétiques KDM5 et contrôler la prolifération cellulaire.
La deuxième partie de cette thèse est consacrée à un nouveau sujet de
recherche pour la communauté scientifique : l’étude des longs ARNs non codants
(lncRNAs). Des études pionnières révèlent que quelques lncRNAs sont impliqués
dans les cancers du sein. Des milliers de lncRNAs existent, mais très peu ont été
caractérisés. Dès lors, nous avons décidé d’évaluer globalement leur profil
d’expression dans une large cohorte de cancers du sein. Nous avons identifié 215
lncRNAs dérégulés dans les tumeurs. Nos résultats révèlent que l’expression des
lncRNAs permet de classer les cancers du sein en différents sous-types. Des analyses
bioinformatiques ont permis de prédire leurs fonctions et leurs implications dans
différentes voies moléculaires clés du cancer du sein telles que les voies
PI3K/AKT/mTOR et MAPK. Nous avons également découvert que 210 lncRNAs
sont des marqueurs pronostics indépendants du risque de rechute. Enfin, nous avons
choisi deux lncRNAs que nous avons étudiés expérimentalement. Nous avons montré
que lnc-KIN-2 contrôle la prolifération cellulaire en régulant l’expression des gènes
GATA3 et ESR1. Ensuite, nous avons découvert que CYTOR, un lncRNA
surexprimé dans les tumeurs mammaires, régule des gènes de la voie EGFR/mTOR et
est requis pour la prolifération et la migration cellulaire ainsi que pour le maintien du
cytosquelette et de la morphologie normale de la cellule.
En démontrant l’importance biologique des ARNs non codants dans le
développement des tumeurs mammaires, ces résultats laissent entrevoir la mise en
lumière de nouveaux mécanismes par lesquels ces ARNs particuliers, qui ne codent
pas des protéines, contribuent au processus de cancérogénèse et pourraient devenir
des nouvelles cibles thérapeutiques. | en_US |