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Comment comprendre l’hégémonie, pourtant délétère pour la santé, de l’assis sur un siège dans le monde occidental ? Essai sur la symbolique de la posture assise de la préhistoire à la fin de la Rome antique
Résumé
Les Occidentaux passent la plus grande partie de leur vie éveillée assis sur une chaise malgré l’existence d’un consensus scientifique visant à dénoncer la nocivité de cette posture. Aussi ont-ils entrepris de nombreuses recherches pour améliorer la chaise ou pour tenter de diminuer son utilisation. En revanche, ils sont incapables d’imaginer la solution qui consisterait à remplacer l’assis sur un siège par un autre type d’assise. Pour preuve, aucune étude n’a cherché à savoir s’il ne serait pas plus bénéfique de s’asseoir accroupi ou en tailleur plutôt que sur un siège ! Étant donné la multitude de publications consacrées aux effets néfastes de l’assis sur un siège et aux manières de l’améliorer, il est pour le moins surprenant que cette question n’ait jamais été posée.
Cet article ne se propose pas de la résoudre, mais il cherche à attirer l’attention sur cette lacune importante afin que d’autres s’attachent enfin à la combler. À cette fin, il tente de comprendre les raisons qui empêchent les Occidentaux — y compris les chercheurs ! — à envisager un autre type d’assis que l’assis sur un siège alors que d’autres sociétés y parviennent fort bien, comme en témoigne leur utilisation importante de l’assis accroupi. Pour expliquer cette incapacité, l’hypothèse de travail avancée est que le siège ne se réduit pas à une fonction utilitaire, mais qu’il assume également une fonction symbolique à ce point importante qu’il leur paraît inenvisageable de s’en séparer.
Pour mettre à l’épreuve cette hypothèse, l’article retrace l’histoire du siège au sein des civilisations qui sont aux origines des sociétés occidentales en étant particulièrement attentif à l’évolution de son utilisation et aux raisons de cette évolution. Cet historique nous permettra, nous les Occidentaux, non seulement d’identifier les fonctions cachées de cet objet, mais encore et surtout de prendre du recul par rapport à nos paradigmes actuels afin de retrouver un point de vue plus objectif sur l’hégémonie du siège dans nos sociétés et sur les problématiques qui en résultent.