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Alexandre Koyré and the traditional interpretation of the anthropological consequences of the Copernican Revolution
Résumé
L’œuvre d’Alexandre Koyré prenant place, chronologiquement, entre la fin de la phase de structuration définitive (1925) de l’interprétation traditionnelle de la révolution copernicienne et l’apparition de ses premières remises en question les plus abouties (1969), il nous a semblé opportun d’examiner jusqu’à quel point cette œuvre souscrit à cette interprétation ou, au contraire, prépare sa remise en question. L’analyse de son interprétation de la révolution copernicienne proprement dite permet de relever un certain nombre de propos qui, bien qu’épars et peu mis en évidence, témoignent d’une certaine prise de distance à l’égard de l’interprétation traditionnelle sans toutefois conduire à la prise de conscience de la nécessité de la reprendre entièrement à nouveaux frais. Ainsi, si Koyré, étant averti du renversement axiologique qui s’est opéré entre le géocentrisme et l’héliocentrisme, est à même d’apprécier toute l’ambivalence de la position géocentrique de notre demeure (la meilleure et la pire), il échoue cependant à percevoir toute la prégnance de la centralité planétaire que le géocentrisme accorde déjà au Soleil, tout comme il manque de tirer, de ce renversement axiologique, la conséquence qui en résulte, à savoir la disponibilité de plusieurs grilles de lecture pour l’interprétation des conséquences anthropologiques résultant du passage du géocentrisme à l’héliocentrisme. Alors que son analyse de la révolution copernicienne porte donc en elle de quoi inciter à interroger la pertinence de l’interprétation traditionnelle, sa thèse sur la «révolution spirituelle du XVIIe siècle» semble, en revanche, de nature à confirmer le bien-fondé de cette interprétation. Toutefois, étant donné que la première conséquence qu’il en tire, à savoir le divorce entre le monde de la science et le monde de la vie, nous semble philosophiquement vraisemblable mais historiquement peu fondée, et que la seconde, le retrait du divin, nous paraît, à l’inverse, historiquement fondée sans l’être ni philosophiquement ni théologiquement, il nous paraît plus juste de conclure que ce qui se trouve confirmé par l’œuvre koyréenne ce n’est pas l’interprétation traditionnelle en tant que telle, mais seulement sa convenance pour les penseurs du XXe siècle, dont Koyré est assurément une des figures emblématiques.