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«Qui choisirait de poser ce flambeau dans un lieu autre ou meilleur que celui d’où il peut illuminer le tout simultanément ?» : examen de la pertinence d’un argument copernicien de convenance

dc.rights.licenseOTHen_US
dc.contributor.authorSTOFFEL, Jean-François
dc.date.accessioned2021-03-02T14:25:11Z
dc.date.available2021-03-02T14:25:11Z
dc.date.issued2018
dc.identifier.issn0035-2160en_US
dc.identifier.urihttps://luck.synhera.be/handle/123456789/733
dc.description.abstractDans ce qui est sans doute le passage le plus célèbre du «De revolutionibus», Copernic laisse entendre qu’il ne se trouvera personne pour positionner ce flambeau par excellence qu’est le Soleil dans un autre ou meilleur endroit que celui à partir duquel il peut illuminer le tout simultanément, à savoir le centre de ce temple suprêmement beau qu’est le monde. S’il laisse une tournure interrogative à cet argument de convenance et s’il l’énonce sans justification aucune tant il lui paraît relever de l’évidence, certains Coperniciens l’illustreront par une analogie : si, effectivement, telle doit être la position du Soleil, c’est parce qu’il convient de placer au centre de la pièce, et non dans un de ses coins, le flambeau destiné à l’éclairer. En dépit de l’héliosophie de la Renaissance partagée aussi bien par des géocentristes que par des Coperniciens, cet argument du flambeau ne semble pas avoir connu un grand succès : peu repris par le camp des Coperniciens, il sera même contesté par certains d’entre eux ; quant aux géocentristes, il n’exercera aucun attrait sur eux. Cet argument de convenance n’aurait-il donc pas joui de cette évidence que lui attribuait Copernic et que, dans son sillage, bien des commentateurs continuent à lui octroyer ? Comme c’est souvent le cas dans l’histoire de la pensée, la pseudo-évidence de cet argument n’est que le fruit d’un anachronisme coupable : présenter l’héliocentrisme comme le système cosmologique qui vient enfin accorder au Soleil une centralité digne de lui en le plaçant au centre de la pièce et non dans un coin, c’est ignorer que l’astre du jour jouissait déjà, dans le géocentrisme, d’une centralité jugée en parfaite adéquation tant avec sa dignité qu’avec la fonction illuminative qui est la sienne. Ayant perdu la connaissance de cette vision du monde qui n’est plus la leur, les Coperniciens ont donc produit un argument qui, pour les géocentristes, est sans va-leur. Pourtant, ils auraient pu faire valoir la supériorité objective de leur centralité par rapport à celle qu’accorde au Soleil le géocentrisme : alors que la seconde n’est que numérique, d’ampleur seulement planétaire, et pour tout dire fictive, la première est véritablement spatiale, d’envergure cosmique et, du moins en première approximation, bien réelle. Pour produire des arguments de convenance qui portent, les protagonistes de la nouvelle cosmologie auraient donc eu intérêt à mieux connaitre la vision du monde de leurs adversaires au lieu de s’adresser à eux en réfléchissant à partir de la leur ; pour ne pas prendre pour une évidence indiscutable ce qui n’est évident que pour un des deux camps en présence, les historiens de la pensée scientifique feraient bien, eux aussi, de mieux connaître la vision du monde de ceux que l’histoire considère désormais comme les vaincus !en_US
dc.description.abstractenIn what is quite possibly the most famous passage of the «De revolutionibus», Copernicus implies that nobody could ever place this supreme flaming torch that is the Sun in another or better place than that from which it can illuminate everything simultaneous-ly, namely the centre of this extremely beautiful temple that is our world. Considering the fact that he leaves an interrogatory twist to this argument of convenience, and since he makes this statement without any justification as it seems entirely evident to him, certain Copernicans choose to illustrate this by means of an analogy: if indeed the Sun must be positioned thus, it is because the most appropriate place for the torch in-tended to illuminate the room is at its centre, and not in one of its corners. Despite the heliosophy of the Renaissance having been shared by both geocentrists and Coperni-cans alike, this "torch" argument does not appear to have achieved much success: rarely adopted by the Copernican camp, it was even contested by some of them; as for the ge-ocentrists, it held no appeal for them whatsoever. Did this argument of convenience therefore not benefit from the self-evidence attributed to it by Copernicus, and from, in his wake, it's continued support by a good many commentators? As is often the case when it comes to the history of thought, the pseudo-obviousness of this argument is merely the fruit of a blatant anachronism: presenting heliocentrism as the cosmological system that finally grants the Sun its worthy centrality by placing it in the centre of the room and not in a corner, is to ignore the fact that this star of the day already enjoyed, in geocentrism, a centrality esteemed to be perfectly in keeping with both its dignity and its inherent illuminative function. Having lost their grasp on this worldview that no longer belonged to them, the Copernicans thus put forward an argument which, for the geocentrists, is worthless. Yet they could have argued the objective superiority of their centrality over that accorded to the Sun by geocentrism: while the latter is only numerical, on a purely planetary scale, and frankly fictitious, the former is thoroughly spatial, of cosmic proportions and, at least on first approximation, very real. In order to produce arguments of convenience that could carry their own weight, the protagonists of the new cosmology would have benefited from getting to know the world vision of their adversaries a little better instead of addressing them from their own point of view; similarly, instead of treating as an obvious fact that which is only evident to one of the two parties present, historians of scientific thought would also be well advised to have a better understanding of the world vision of those who history now considers as the losers!en_US
dc.description.sponsorshipNoneen_US
dc.language.isoFRen_US
dc.publisherSociété scientifique de Bruxellesen_US
dc.relation.ispartofRevue des Questions Scientifiquesen_US
dc.rights.urihttps://economie.fgov.be/fr/themes/propriete-intellectuelle/droits-de-pi/droits-dauteur-et-droits/droits-dauteur/directive-europeenne-sur-leen_US
dc.subjectHistoire des sciencesen_US
dc.subjectHistoire de l'astronomieen_US
dc.subjectHistoire de la cosmologieen_US
dc.title«Qui choisirait de poser ce flambeau dans un lieu autre ou meilleur que celui d’où il peut illuminer le tout simultanément ?» : examen de la pertinence d’un argument copernicien de convenanceen_US
dc.typeArticle scientifiqueen_US
synhera.classificationPhysique, chimie, mathématiques & sciences de la terre>>Multidisciplinaire, général & autresen_US
synhera.institutionHE Louvain en Hainauten_US
synhera.cost.total0en_US
synhera.cost.apc0en_US
synhera.cost.comp0en_US
synhera.cost.acccomp0en_US
dc.description.versionOuien_US
dc.rights.holder0en_US


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