dc.description.abstractfr | Parmi les pratiques ludiques dans le domaine de l’animation et de la formation socioculturelles, le jeu de société est à la fois omniprésent et peu étudié (Besse-Patin & Roucous, 2019, p. 13 ; Brougère 1979 : 194). Le projet que nous menons actuellement vise à combler le manque d’informations scientifiques sur le sujet en étudiant les expériences de professionnel.le.s et
bénévoles du secteur en Communauté Française de Belgique via des entretiens semi-directifs.
Après avoir identifié des répondant.e.s via des bases de données existantes et avoir constitué un échantillon varié (selon le genre, l’âge, l’expérience professionnelle et le type d’organisme), nous avons procédé à la plus grande partie de nos interviews (N=28 actuellement, les dernières étant planifiées dans les semaines à venir) ainsi qu’à leur retranscription et leur codage de
premier niveau (Saldana, 2016, p. 77-80), et procédons actuellement au codage de deuxième niveau (Savin-Baden & Major, 2013, p. 426-427), prélude à l’analyse qualitative finale des données selon une méthodologie inspirée de la théorie ancrée (avec une attention particulière pour les apports de la théorie, voir Collis & Stockton, 2018).
Notre communication s’articulera comme suit : nous situerons d’abord la question de la solidarité au sein de l’éducation non formelle, notamment de l’éducation permanente, qui enconstitue une forme décrétalisée et structurée en Belgique francophone (Besse et al. 2016 : 38).
Ensuite, nous esquisserons les grandes lignes des résultats de notre analyse, puis nous nous concentrerons, parmi ceux-ci, sur une tendance forte des dires des répondant.e.s : considérer le jeu de société comme une simulation sociale, une manière de réfléchir à l’organisation, aux buts et au fonctionnement d’une société humaine (voir David & Besse-Patin 2013 : 95-96).
Cette vision, fortement imprégnée de la vision du jeu de société comme « outil » (Marie)
semble se subdiviser en deux visées distinctes. L’une appréhende le jeu de société comme un liant social, un moyen de créer des relations de cohésion, de solidarité et d’intercompréhension au sein d’un groupe. L’autre insiste sur le potentiel de laboratoire social du jeu de société, qui insiste à penser d’autres modalités de vivre ensemble, et donc d’autres structures politiques et citoyennes (Marie), ou à se mettre en empathie avec des vécus radicalement différents (par
exemple celui des personnes migrantes) dans le but de “se rendre compte d’une réalité de société” (Natasha). Cette différence entre une vision méliorative et utopique sur le jeu de société se croise avec les valeurs et aspirations des organismes pour lesquels travaillent les praticien.ne.s étudié.e.s, mais se connecte également aux profils propres de ces personnes, qui.se différencient parfois de la ligne de leur organisation en fonction de leur « affection personnelle » (Keira) pour le jeu de société.
Nous discuterons ces résultats quant à leur rapport à la littérature scientifique existante, en revenant aussi sur les cas qui échappent à notre modèle : en effet, une partie de nos répondant.e.s n’entrent dans aucune des deux visées décrites, car ils et elles ne soulignent pas ou très peu l’apport social du jeu de société. En conclusion, nous réfléchirons aux possibilités
de valorisation et de retour vers le secteur étudié qu’offrent nos avancées. | en_US |